C’est à Ferdinand d’Orléans (1884-1924), dernier duc de Montpensier, que l’on doit l’exceptionnelle collection de dioramas de chasse de Randan.
Un personnage atypique, mort prématurément, dont le parcours et les activités sont représentatifs de la noblesse européenne au début du siècle dernier.
Les jeunes années d’un prince
Ferdinand d’Orléans est né au château d’Eu en 1884.
Il est le fils de Philippe d’Orléans, comte de Paris et d’Isabelle d’Orléans. Son père et sa mère sont les petits enfants du roi Louis-Philippe.
Son grand-père maternel, Antoine d’Orléans, lui lègue son titre son titre du courtoisie Duc de Montpensier.
En 1893, la comtesse de Paris prend possession de Randan où Ferdinand séjourne pour la première fois. On aménage pour lui une salle d’étude dans laquelle figure déjà des oiseaux naturalisés.
Il intègre l’Ecole navale espagnole en 1900. Il poursuit sa formation militaire jusqu’en 1906 date à laquelle il quitte l’armée avec le grade de lieutenant de vaisseau.
C’est dans le cadre de la marine militaire espagnole que Ferdinand réalise en 1903-1904 un premier long voyage qui le conduit en Amérique du Sud et en Afrique où il tue pour la première fois de grands animaux exotiques. Leurs dépouilles sont sans doute à l’origine de la collection de dioramas de Randan.
Ils sont 450, la collection exceptionnelle d'animaux naturalisés est à découvrir en ligne :
Lors de votre visite à Randan, ils sont uniquement visibles dans le cadre de la visite guidée
Le temps des expéditions
En 1906, il part pour la première fois en Indochine. Ce voyage marque le début de sa passion pour cette colonie française d’Extrême-Orient où il séjourne à six.
En Indochine Ferdinand veut faire œuvre de colonisateur en témoignant auprès de ces concitoyens des attraits de cette colonie. Il explore particulièrement l’Annam où il s’implante ; surtout, il réalise l’exploit de relier Saïgon aux ruines d’Angkor en automobile afin de prouver que le tourisme est une ressource possible pour l’économie locale. A cette occasion il plaide pour la sauvegarde des vestiges des anciennes citées Khmers d’Angkor. Lors de ses expéditions, Ferdinand réalise des photographies et des films, parfois avec l’aide d’opérateurs. De retour en France, il utilise ces documents pour illustrer ses comptes-rendus de voyage où faire des projections lors de conférences mondaines ou populaires.
Pendant ses voyages qui le conduisent dans de nombreux pays, Ferdinand s’adonne à sa passion de la chasse, rassemblant de nombreux trophées.
Les illusions perdues
Si en apparence Ferdinand d’Orléans essaie de tenir son rang de cadet de la famille royale, la dernière décennie de sa vie est marquée par le déclin physique et moral.
En 1914, à l’issue de son ultime voyage en Extrême-Orient, Ferdinand rentre en France en automne. Il a trente ans et deux scandales le menacent :
- Le premier, qui transpire dans la presse, concerne ses difficultés financières : le duc de Montpensier est au bord de la faillite. Les voyages et les chasses ont fait fondre son patrimoine, tout comme sa passion pour les innovations technologiques (voitures, avion, cinématographe…) ou son train de vie flamboyant.
- Le second touche à l’état de santé du prince. Comme de nombreux membres de la haute société, Ferdinand est morphinomane. Il semble qu’il ait contracté l’habitude de consommer cette drogue à l’époque où il était aspirant dans la marine espagnole. Il ne parviendra pas à se défaire de son accoutumance.
A la mort de sa mère en 1919, Ferdinand hérite du Domaine de Randan. En 1921 il épouse à Randan Isabelle de Valdeterrazo, vicomtesse de los Antrines, fille fortunée d’un grand d’Espagne.
Isolé, soumis à l’influence de son entourage, puis à celle de son épouse, Ferdinand connaît une fin de vie pathétique. Il décède au château de Randan le 30 janvier 1924 à l’âge de 40 ans et est inhumé le 9 février suivant en la chapelle royale de Dreux.
Survol du domaine à haut risque
Le Domaine Royal de Randan et ses propriétaires ont toujours été à la pointe de l’innovation technologique.
Au début du XXe siècle, Ferdinand d’Orléans se passionne pour l’aviation naissante.
Le jeune prince fait l’acquisition d’un avion en 1913. L’appareil arrive démonté en gare de la Ville de Vichy puis est transporté vers l’aérodrome le plus proche de Randan.
26 juin 1913 : le duc de Montpensier survole la forêt qui entoure le château de Randan, propriété de sa mère la comtesse de Paris.
Il arrive au-dessus du château, tourne autour des hautes toitures d’ardoise, fait signe aux habitants et repart. Effrayée par cette démonstration, la comtesse de Paris ordonne à son jeune fils de se séparer de l’appareil. Ce dernier est, en effet, premier dans l'ordre de succession des prétendants au trône de France après son frère. Hors de question de risquer une tragédie !
Cela n'empêchera pas Ferdinand d'Orléans de s'adonner à sa passion. Quelques mois plus tard, en visite à Bordeaux, il prend place aux côtés du pionnier de l'aviation Marcel Issartier pour une demi-heure de vol dans un hydravion, amerrissant sur la Garonne !